Printemps 2020 : Je suis en train de terminer une école de théâtre. Il est grand temps de se lancer, de travailler, de jouer, enfin, malgré le contexte si particulier.
Dès lors, que faire ? Comment relancer le désir, comment utiliser les événements pour avancer ? Qu’écrire quand on ne sait plus quoi écrire ? Repartir du concret, du tangible et de l’observable, du banal, sans doute. Je me mets à observer et à observer ma manière d’observer.
Alors que le réel nous impose des contraintes de plus en plus fortes, je suis tentée par l’exploration de contraintes artistiques. Contraintes d’écriture, contraintes de jeu, qui laissent tout à coup surgir un nouvel espace mental, un espace de liberté.
C’est à ce moment précis que je « rencontre » le texte de Georges Perec, Tentative d’épuisement d’un lieu parisien.
En 1974, Georges Perec s’installe trois jours durant dans les cafés de la place Saint-Sulpice et décrit ce qu’il voit. En 2020, je tombe sous le charme de ce texte et du regard de Perec sur les gens, les véhicules, les oiseaux, le temps qui passe. Avec Claire Deutsch à la mise en scène, nous avons décidé d’en faire un spectacle.
En somme, c’est du théâtre de rue au sens premier : un texte de rue, à jouer dans la rue, dans les cafés, dans les salons, dans les jardins, dans les cuisines, dans les foyers de théâtres, dans les autobus, dans les taxis, et, pourquoi pas, dans les « deux-chevaux vert pomme ».
La première a eu lieu le 26 juin 2021 à 20h00, dans le cadre de la Caravane des quartiers, à la Pontaise.
Depuis, Il a été joué une vingtaine de fois, dans deux gymnases, dans deux cafés, ainsi que durant la Plage des Six Pompes durant l’été 2022.